70 ans après : Henri Salmide, traitre ou héros ?

Cette histoire a longtemps été oubliée et n´a resurgi que partiellement avec la mort de son protagoniste le 23 février 2010 à Bordeaux, l´histoire d´un homme qui a trahi sa patrie pour ce qu´il croyait etre juste. Aujourd´hui, nous commémorons les 70 ans de ce fait d´armes.

Heinz Stahlschnidt (Henri Salmide) peu avant sa mort sur le port de Bordeaux

Origines

Heinz Stahlschmidt naquit le 13 novembre 1919 à Dortmund dans le bassin industriel de la Ruhr dans une famille descendants d´anciens huguenots. Il se porta volontaire en 1939 dans la Kriegsmarine, la marine allemande, et fut formé au maniement d´explosifs avec le grade de sous-officier. Il survécut notamment au naufrage de trois navires de guerre sur lesquels il était embarqué. Au moment où commence ce récit, il est stationné dans le cadre du Mur de l´Atlantique dans le port de Bordeaux.

Fait d´armes

Avec les débarquements en Normandie et en Provence, les forces allemandes stationnées dans le sud-ouest francais courent le risque de se voir encerclées et harcelées par la résistance. Tandis que certaines unités cherchent à rejoindre Paris, d´autres prennent position dans la poche de Royan et de la Pointe du Grave. Heinz Stahlschmidt recoit le 19 aout 1944 l´ordre de préparer la destruction du port de Bordeaux à l´aide de charges posées sur les 12 km d´infrastructures portuaires. Le 22 aout, poussé par ses convictions religieuses, il fait sauter le dépot d´explosifs de la rue Raze, tuant une cinquantaine de soldats allemands. Selon Maia de la Baume (NY Times), son action aurait permis de sauver à la fois le port mais aussi des milliers de civils. Recherché par la police et la Gestapo, il est aidé par une famille liée à la Résistance qui le cache jusqu´à la Libération.

Le siège du port de Bordeaux est renommé d´après Henri Salmide

Postérité

Naturalisé francais en 1947, il se marie avec son amie Henriette Buisson la meme année et change son nom pour devenir Henri Salmide. Considéré comme traitre et déserteur par la Kriegsmarine, il ne recevra aucune pension et sera rayé de la liste des honneurs de la marine allemande. Il travailla jusqu´à sa retraite dans les pompiers de Bordeaux. Du fait de l´obscurité entretenue par la Résistance sur l´auteur du coup d´éclat, Henri ne fut récompensé qu´en 1995 par le maire de Bordeaux Jacques Chaban-Delmas de la médaille de la Ville, puis en 2000 par la Légion d´honneur, qui ne mentionne néanmoins pas son fait d´armes. Le siège social du port, inauguré en 2012, porte son nom.

Pour plus d´informations : Erik Schaake, L’Allemand qui sauva Bordeaux par amour, de la Wehrmacht à la Résistance, 209 p., éd. M. Lafon, 2011, ISBN 9782749913940.

Catégories : Articles, Focus, Personnages historiques | Étiquettes : , , , , | Poster un commentaire

Navigation des articles

Laisser un commentaire

Propulsé par WordPress.com.